Message du pape François pour le Carême/Missatge del Papa Francesc per la Quaresma...
Chers frères et sœurs !
Les Évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc concordent pour raconter l’épisode de la Transfiguration de Jésus. Dans cet événement, nous voyons la réponse du Seigneur à l’incompréhension manifestée par les disciples à son égard. Peu avant, en effet, un accrochage sérieux s’était produit entre le Maître et Simon-Pierre qui, après avoir professé sa foi dans le fait que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, avait repoussé son annonce de la passion et de la croix. Jésus l’avait repris avec force : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (Mt 16, 23). Et voici que « six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne » (Mt 17, 1).
L’Évangile de la Transfiguration est proclamé chaque année, le deuxième dimanche du Carême. Durant ce temps liturgique, en effet, le Seigneur nous prend avec lui et nous emmène à l’écart. Même si nos activités ordinaires requièrent que nous restions aux lieux habituels, en vivant un quotidien souvent répétitif et parfois ennuyant, pendant le Carême nous sommes invités à monter “sur une haute montagne” avec Jésus, pour vivre avec le Peuple saint de Dieu une expérience d’ascèse particulière.
L’ascèse de Carême est un effort, toujours animé par la Grâce, pour surmonter nos manques de foi et nos résistances à suivre Jésus sur le chemin de la croix. Précisément ce dont avaient besoin Pierre et les autres disciples. Pour approfondir notre connaissance du Maître, pour comprendre et accueillir à fond le mystère du salut divin, réalisé dans le don total de soi par amour, il faut se laisser conduire par lui à l’écart et en hauteur, en se détachant des médiocrités et des vanités. Il faut se mettre en chemin, un chemin qui monte, qui exige effort, sacrifice, concentration, comme une excursion en montagne. Ces conditions sont également importantes pour le chemin synodal dans lequel nous nous sommes engagés, en tant qu’Église. Il nous sera bon de réfléchir sur cette relation qui existe entre l’ascèse de Carême et l’expérience synodale.
Pour cette “retraite” sur le mont Thabor, Jésus emmène avec lui trois disciples, choisis pour être témoins d’un événement unique. Il veut que cette expérience de grâce ne soit pas solitaire, mais partagée, comme l’est, du reste, toute notre vie de foi. Jésus, on doit le suivre ensemble. Et c’est ensemble, comme Église pérégrinant dans le temps, que l’on vit l’année liturgique et, à l’intérieur de celle-ci, le Carême, en marchant avec ceux que le Seigneur a placés à nos côtés comme compagnons de voyage. Par analogie avec la montée de Jésus et des disciples au Thabor, nous pouvons dire que notre chemin de Carême est “synodal”, car nous l’accomplissons ensemble sur le même chemin, disciples de l’unique Maître. Bien plus, nous savons qu’il est lui-même la Voie, et donc, que ce soit dans l’itinéraire liturgique ou dans celui du Synode, l’Église ne fait rien d’autre que d’entrer toujours plus profondément et pleinement dans le mystère du Christ Sauveur.
Et nous arrivons au moment culminant. L’Évangile raconte que Jésus « fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière » (Mt 17, 2). Voilà le “sommet”, le but du chemin. Au terme de la montée, lorsqu’ils sont sur la montagne avec Jésus, la grâce est donnée aux trois disciples de le voir dans sa gloire, resplendissant de lumière surnaturelle, qui ne venait pas du dehors, mais qui irradiait de Lui-même. La divine beauté de cette vision fut incomparablement supérieure à toute la fatigue que les disciples avaient pu accumuler pour monter au Thabor. Comme pour toute excursion exigeante en montagne, il faut en montant tenir le regard bien fixé sur le sentier ; mais le panorama qui se déploie à la fin surprend et récompense par son émerveillement. Le processus synodal apparaît lui aussi souvent ardu et nous pourrions parfois nous décourager. Mais ce qui nous attend à la fin est sans aucun doute quelque chose de merveilleux et de surprenant, qui nous aidera à mieux comprendre la volonté de Dieu et notre mission au service de son Royaume.
L’expérience des disciples sur le Thabor s’enrichit encore quand, lorsqu’à côté de Jésus transfiguré apparaissent Moïse et Élie qui personnifient la Loi et les Prophètes (cf. Mt 17, 3). La nouveauté du Christ est l’accomplissement de l’Ancienne Alliance et des promesses ; elle est inséparable de l’histoire de Dieu avec son peuple et en révèle le sens profond. De même, le parcours synodal est enraciné dans la tradition de l’Église et, en même temps, ouvert à la nouveauté. La tradition est source d’inspiration pour chercher des voies nouvelles, en évitant les tentations opposées de l’immobilisme et de l’expérimentation improvisée.
Le chemin ascétique du Carême, ainsi que le chemin synodal ont tous deux comme objectif une transfiguration, personnelle et ecclésiale. Une transformation qui, dans les deux cas, trouve son modèle dans celle de Jésus et se réalise par la grâce de son mystère pascal. Pour que cette transfiguration puisse s’accomplir en nous cette année, je voudrais proposer deux “sentiers” à suivre pour monter avec Jésus et parvenir avec Lui à destination.
Le premier fait référence à l’impératif que Dieu le Père adresse aux disciples sur le Thabor, alors qu’ils contemplent Jésus transfiguré. La voix venant de la nuée dit : « Écoutez-le » (Mt 17, 5). La première indication est donc très claire : écouter Jésus. Le Carême est un temps de grâce dans la mesure où nous nous mettons à l’écoute de Celui qui parle. Et comment nous parle-t-il ? Avant tout dans la Parole de Dieu que l’Église nous offre dans la Liturgie : ne la laissons pas tomber dans le vide. Si nous ne pouvons pas toujours participer à la messe, lisons les Lectures bibliques jour après jour, y compris avec l’aide d’internet. En plus des Écritures, le Seigneur nous parle à travers les frères, surtout par les visages et par les histoires de ceux qui ont besoin d’aide. Mais je voudrais ajouter aussi un autre aspect, très important dans le processus synodal : l’écoute du Christ passe aussi à travers l’écoute des frères et des sœurs dans l’Église, cette écoute réciproque qui est l’objectif principal durant certaines phases, mais qui, de toute façon, demeure toujours indispensable dans la méthode et dans le style d’une Église synodale.
En entendant la voix du Père, « les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : “Relevez-vous et soyez sans crainte”. Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul » (Mt 17, 6-8). Voilà la seconde indication pour ce Carême : ne pas se réfugier dans une religiosité faite d’événements extraordinaires, d’expériences suggestives, par peur d’affronter la réalité avec ses efforts quotidiens, ses duretés et ses contradictions. La lumière que Jésus montre aux disciples est une anticipation de la gloire pascale, vers laquelle il faut aller, en le suivant “Lui seul”. Le Carême est orienté vers Pâques : la “retraite” n’est pas une fin en soi, mais elle nous prépare à vivre avec foi, espérance et amour, la passion et la croix, pour parvenir à la résurrection. De même, le parcours synodal ne doit pas non plus nous faire croire que nous sommes arrivés quand Dieu nous donne la grâce de certaines expériences fortes de communion. Là encore, le Seigneur nous répète : « Relevez-vous et soyez sans crainte ». Redescendons dans la plaine et que la grâce dont nous aurons fait l’expérience nous soutienne pour être des artisans de synodalité dans la vie ordinaire de nos communautés.
Chers frères et sœurs, Que l’Esprit Saint nous fasse vivre ce Carême dans l’ascèse avec Jésus, pour faire l’expérience de sa splendeur divine et, ainsi fortifiés dans la foi, poursuivre ensemble le chemin avec Lui, gloire de son peuple et lumière des nations.
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 25 janvier 2023, fête de la Conversion de Saint Paul.
François
Benvolguts germans i germanes,
Els evangelis de Mateu, Marc i Lluc concorden en narrar l’episodi de la Transfiguració de Jesús. En aquest esdeveniment veiem la resposta que el Senyor va donar als seus deixebles quan li van manifestar incomprensió cap a Ell. De fet, poc abans s’havia produït un autèntic enfrontament entre el Mestre i Simó Pere, qui, després de professar la seva fe en Jesús com el Crist, el Fill de Déu, va rebutjar el seu anunci de la passió i la creu. Jesús el va reprendre enèrgicament: «Fuig d’aquí, Satanàs! Em vols fer caure, perquè no penses com Déu, sinó com els homes» (Mt 16,23). I «sis dies després, Jesús prengué Pere, Jaume i Joan, el germà de Jaume, els dugué dalt una muntanya alta» (Mt 17,1).
L’evangeli de la Transfiguració es proclama cada any el segon diumenge de Quaresma. En efecte, en aquest temps litúrgic el Senyor ens pren amb Ell i ens porta a un lloc apartat. Fins i tot quan els nostres compromisos diaris ens obliguin a romandre allí on ens trobem habitualment, vivint una quotidianitat sovint repetitiva i a vegades avorrida, per la Quaresma se’ns convida a “pujar dalt una muntanya alta” amb Jesús, per a viure amb el Poble sant de Déu una experiència particular d’ascesi.
L’ascesi quaresmal és un compromís, animat sempre per la gràcia, per a superar les nostres faltes de fe i les nostres resistències a seguir Jesús en el camí de la creu. Era precisament el que necessitaven Pere i els altres deixebles. Per a aprofundir el nostre coneixement del Mestre, per a comprendre i acollir plenament el misteri de la salvació divina, realitzada en el do total d’ell mateix per amor, hem de deixar-nos conduir per Ell a un lloc desert i elevat, distanciant-nos de les mediocritats i les vanitats. És necessari posar-se en camí, un camí costa amunt, que requereix esforç, sacrifici i concentració, com una excursió per la muntanya. Aquests requisits també són importants per al camí sinodal que, com a Església, ens hem compromès a realitzar. Ens farà bé reflexionar sobre aquesta relació que hi ha entre l’ascesi quaresmal i l’experiència sinodal.
En el “recés” a la muntanya del Tabor, Jesús va portar amb Ell tres deixebles, escollits per a ser testimonis d’un esdeveniment únic. Va voler que aquesta experiència de gràcia no fos solitària, sinó compartida, com ho és, al cap i a la fi, tota la nostra vida de fe. A Jesús hem de seguir-lo junts. I junts, com Església pelegrina en el temps, vivim l’any litúrgic i, en ell, la Quaresma, caminant amb els qui el Senyor ha posat al nostre costat com a companys de viatge. Anàlogament a l’ascens de Jesús i els seus deixebles a la muntanya del Tabor, podem afirmar que el nostre camí quaresmal és “sinodal”, perquè el fem junts pel mateix camí, deixebles de l’únic Mestre. Sabem, de fet, que Ell mateix és el Camí i, per això, tant en l’itinerari litúrgic com en el del Sínode, l’Església no fa res més que entrar cada vegada més plenament i profundament en el misteri de Crist Salvador.
I arribem al moment culminant. Diu l’Evangeli que Jesús «es transfigurà davant d’ells. La seva cara es tornà resplendent com el sol, i els seus vestits, blancs com la llum» (Mt17,2). Aquí hi ha el “cim”, la meta del camí. Al final de la pujada, mentre estaven en el lloc més alt de la muntanya amb Jesús, es va concedir als tres deixebles la gràcia de veure’l en la seva glòria, resplendent de llum sobrenatural. Una llum que no procedia de l’exterior, sinó que s’irradiava d’Ell mateix. La bellesa divina d’aquesta visió va ser incomparablement més gran que qualsevol esforç que els deixebles haguessin pogut fer per pujar al Tabor. Com en qualsevol excursió exigent de muntanya, a mesura que es puja és necessari mantenir la mirada fixa en el sender; però el meravellós panorama que es revela al final, sorprèn i fa que valgui la pena. També el procés sinodal sembla sovint un camí ardu, el que a vegades ens pot desanimar. Però el que ens espera al final és sens dubte quelcom meravellós i sorprenent, que ens ajudarà a comprendre millor la voluntat de Déu i la nostra missió al servei del seu Regne.
L’experiència dels deixebles a la muntanya del Tabor es va enriquir encara més quan, al costat de Jesús transfigurat, aparegueren Moisès i Elies, que personifiquen respectivament la Llei i els Profetes (cf. Mt17,3). La novetat de Crist és el compliment de l’antiga Aliança i les promeses; és inseparable de la història de Déu amb el seu poble i revela el seu sentit profund. De manera similar, el camí sinodal està arrelat en la tradició de l’Església i, al mateix temps, obert a la novetat. La tradició és font d’inspiració per a cercar nous camins, evitant les temptacions oposades de l’immobilisme i de l’experimentació improvisada.
El camí ascètic quaresmal, igual que el sinodal, té com a meta una transfiguració personal i eclesial. Una transformació que, en ambdós casos, troba el seu model en la de Jesús i es realitza mitjançant la gràcia del seu misteri pasqual. Per tal que aquesta transfiguració es pugui realitzar en nosaltres aquest any, voldria proposar dos “camins” a seguir per pujar juntament amb Jesús i arribar amb Ell a la meta.
El primer es refereix a l’imperatiu que Déu Pare va dirigir als deixebles al Tabor, mentre contemplaven Jesús transfigurat. La veu que es va sentir des del núvol estant va dir: «Escolteu-lo»(Mt 17,5). Per tant, la primera indicació és molt clara: escoltar Jesús. La Quaresma és un temps de gràcia en la mesura en què escoltem Aquell que ens parla. I, com ens parla? Abans de tot, en la Paraula de Déu, que l’Església ens ofereix en la litúrgia. No deixem que caigui en sac foradat. Si no podem participar sempre en la Missa, meditem les lectures bíbliques de cada dia, fins i tot amb l’ajuda d’internet. A més de parlar-nos en les Escriptures, el Senyor ho fa a través dels nostres germans i germanes, especialment en els rostres i les històries dels qui necessiten ajuda. Però voldria afegir també un altre aspecte, molt important en el procés sinodal: escoltar Crist passa també per l’escolta als nostres germans i germanes en l’Església; aquesta escolta recíproca que en algunes fases és l’objectiu principal, i que, de totes maneres, sempre és indispensable en el mètode i l’estil d’una Església sinodal.
En escoltar la veu del Pare, «els deixebles, esglaiats, es prosternaren de front a terra. Jesús, s’acostà, els tocà i els digué: “Aixequeu-vos, no tingueu por”. Ells alçaren els ulls i no veieren ningú més, sinó Jesús tot sol» (Mt 17,6-8). Heus ací la segona indicació per a aquesta Quaresma: no refugiar-se en una religiositat feta d’esdeveniments extraordinaris, d’experiències suggestives, per por d’afrontar la realitat amb les seves fatigues quotidianes, les seves dificultats i les seves contradiccions. La llum que Jesús mostra als deixebles és un avenç de la glòria pasqual i hem d’anar cap a ella, seguint-lo “només a Ell”. La Quaresma està orientada a la Pasqua. El “recés” no és un fi en si mateix, sinó que ens prepara per a viure la passió i la creu amb fe, esperança i amor, per arribar a la resurrecció. De la mateixa manera, el camí sinodal no ens ha de fer creure en la il·lusió que hem arribat quan Déu ens concedeix la gràcia d’algunes experiències fortes de comunió. També allí el Senyor ens repeteix: «Aixequeu-vos, no tingueu por». Baixem a la plana i que la gràcia que hem experimentat ens sostingui per a ser artesans de la sinodalitat en la vida ordinària de les nostres comunitats.
Benvolguts germans i germanes, que l’Esperit Sant ens animi durant aquesta Quaresma en la nostra escalada amb Jesús, perquè experimentem la seva resplendor divina i així, enfortits en la fe, prosseguim junts el camí amb Ell, glòria del seu poble i llum de les nacions.
Roma, Sant Joan del Laterà, 25 de gener de 2023, Festa de la Conversió de sant Pau
Francesc